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Parmi les objets vendus aux enchères le 20 janvier 2023 chez Drouot, figuraient une paire de vases en porcelaine à décor polychrome, des fauteuils estampillés « Jacob Frères rue Meslée » portant la marque du château de Fontainebleau ou encore une paire de cabinets attribuée à Adam Weisweiler, célèbre ébéniste du XVIIIe siècle.
Ce mobilier de luxe, saisi par la justice française à l’intérieur d’un immeuble cossu de l’avenue Foch, dans le XVIe arrondissement de Paris, appartenait à Teodoro Nguema Obiang Mangue. Celui que tout le monde surnomme « Teodorin » est le fils aîné de Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, président de la Guinée équatoriale depuis 1979.
La vente aux enchères des « biens meubles corporels de luxe » de « Teodorin » a permis à l’Etat français de récupérer 6,1 millions d’euros. « L’intégralité de cette somme a été transférée au ministère de l’économie et des finances », assure l’Agence de gestion et du recouvrement des avoirs saisis et confisqués (Agrasc), un établissement public qui gère les sommes saisies dans le cadre des procédures pénales. Cette somme est aujourd’hui toujours bloquée, en attendant d’être, comme le prévoit la loi, restituée à la population équato-guinéenne à travers des ONG ou des associations.
« Teodorin » Obiang, dont l’avocat n’a pas souhaité répondre au Monde, a toujours mené un train de vie fastueux. Celui-ci est en partie détaillé dans un jugement de la cour d’appel de Paris du 10 février 2020, un document de 80 pages que Le Monde a pu consulter.
On y retrouve pêle-mêle « le règlement, pour une somme avoisinant 600 000 euros, d’objets d’art à la société Didier Aaron », « le règlement, de 2005 à 2011, de bijoux pour un total excédant 4,5 millions d’euros », « le financement de sept voitures de luxe pour un montant excédant 7 millions d’euros », ou encore « le règlement de séjours à l’hôtel Crillon pour un montant excédant 450 000 euros ».
En juillet 2021, après quatorze ans de procédure dans l’affaire dite des « biens mal acquis », « Teodorin » Obiang a été définitivement condamné par la France à trois ans de prison avec sursis et 30 millions d’euros d’amende pour « blanchiment d’abus de biens sociaux et détournement de fonds publics ».
Dans ce dossier ouvert à la suite d’une plainte déposée en 2007 par les ONG Sherpa et Transparency International, les magistrats cherchent à savoir si le patrimoine français de plusieurs dirigeants africains (Congo, Gabon, Guinée équatoriale…) a été constitué avec de l’argent public détourné.
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